J'en parle ici tous les ans, le salon international Saint-Maur en Poche est mon salon littéraire préféré. Je l'aime pour sa diversité, sa convivialité et son authenticité.

Cette année, j'ai le plaisir d'être partenaire de la 7ème édition du salon, placé sous le signe du 7ème Art, qui se déroulera les 20 et 21 juin 2015 sur le Parvis de la gare RER Saint-Maur-Créteil. A ce titre, je vous dévoilerai régulièrement en avant-première quelques indiscrétions sur ces deux jours de salon.


Pour cette première révélation, j'ai choisi de vous annoncer la présence de dix auteurs que j'apprécie particulièrement, et que j'ai vraiment hâte de rencontrer sur le salon :

Tonino Benaquista



Anne Perry

Nathalie Hug & Jérôme Camus




Bernard Weber

... et bien d'autres ! 

Pour ceux qui, comme moi, sont de grand amateurs de polars et de thrillers, cette édition s'annonce encore une fois exceptionnelle !

La liste des auteurs présents sera dévoilée petit à petit sur différents blogs. Vous pouvez retrouver toutes les révélations sur la page Facebook du salon.

A très vite pour de nouvelles révélations !
Parmi toutes les intrigues de thrillers, celles qui s'articulent autour d'une mémoire défaillante, libérant peu à peu ses souvenirs, sont parmi mes préférées. La nouvelle que je viens d'achever, Sang blanc de Noémi Krynen, est une bonne surprise et une belle réussite du genre.

Sur les traces du passé
Près de dix ans après y avoir mis les pieds pour la dernière fois, Edouard Chenavier, dentiste à Paris, retourne dans le village de son enfance, à quelques kilomètres de Grenoble, pour y enterrer ses parents tués dans un accident de voiture. A son arrivée, le village est en émoi : depuis quelques jours, une série de meurtres sauvages frappe la région, visant des enfants du pays. Entre les circonstances plus que suspectes de la mort de ses parents et l'enquête de la police, le séjour d'Edouard Chenavier se déroule de manière beaucoup moins tranquille qu'il ne l'avait prévu et le renvoie vers un passé qu'il avait tout fait pour oublier...

En à peine plus de 200 pages, Sang blanc réunit les éléments d'un thriller efficace : une atmosphère méfiante et suspicieuse, une intrigue lourde de mystères et une tension qui monte au fur et à mesure que le dénouement approche. En entrecoupant son récit de flash-back, reconstituant peu à peu le puzzle d'un événement dramatique survenu dix ans plus tôt, Noémi Krynen floute les contours de son intrigue, qui ne se révèle que vers la seconde moitié de la nouvelle. Cependant, j'aurais apprécié un développement plus poussé dans le revirement de l'intrigue, qui opère un virage à 180° à la moitié du récit. A mon sens, la prise de conscience du personnage principal méritait quelques pages en plus.

Malgré ce petit bémol, Sang blanc est un très bon thriller. Construction, suspense et rythme sont parfaitement maîtrisés et mis en valeur par le style vif et recherché de Noémi Krynen. Un récit court mais efficace.

Sang blanc de Noémi Krynen, éditions Taurnada, 2015, 204 pages
S'il y a bien un personnage de polar que j'ai apprécié dès les premiers instants, c'est l'inspecteur Harry Bosch, sorti de l'imagination de Michael Connelly il y a plus de vingt ans. J'ai déjà lu plusieurs de ses aventures et, à chaque fois, je l'apprécie encore un peu plus. Mais la semaine dernière, j'avais envie de retourner aux sources de ce personnage. J'ai donc lu le premier roman de Michael Connelly, dans lequel Harry Bosch fait son apparition pour la première fois : Les égouts de Los Angeles.

L.A. la trouble
Ce que j'aime chez Michael Connelly, ce n'est pas tant son sens de l'intrigue - qu'il a aiguisé, soit dit en passant - que sa manière de représenter Los Angeles comme une ville sale et dangereuse, dont la noirceur des bas fond n'a d'égale que le faste de Hollywood. Sous la plume de Connelly, Los Angeles me fait penser à Saint-Pétersbourg sous celle de Gogol : une ville ténébreuse, habitée par le mal et qui aspire inévitablement l'être humain vers ce qu'elle a de plus mauvais.

Pour en revenir à Harry Bosch, j'ai été agréablement surprise par le fait que, dès sa première apparition, Michael Connelly lui construit une personnalité complexe aux racines profondes, une personnalité qu'il développe un peu plus à chaque roman depuis plus de vingt ans. Dans un avant-propos très intéressant, l'auteur explique d'où vient son personnage, né d'inspirations aussi éclectiques que le peintre Jérôme Bosch, la guerre du Vietnam ou encore le roman Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee. Plus qu'un simple flic accro à son idée de la justice, Harry Bosch est un personnage romanesque entier et humain, fait de multiples strates qui le rendent plus intéressant que la plupart des personnages de polar. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'aime.

Enfin, côté intrigue, Les égouts de Los Angeles n'a rien à envier aux grands polars. Pour un premier roman publié, Michael Connelly livre un scénario complexe aux imbrications multiples, à l'image des tunnels de la guerre du Vietnam et des égouts de Los Angeles qui y jouent un rôle à part entière. Le suspense et le rythme sont bien présents, dommage que certains éléments de l'intrigue se laissent deviner trop tôt.

Que vous soyez habitué aux polars ou non, vous avez tout intérêt à vous aventurer du côté d'Harry Bosch, que vous risquez vous aussi d'apprécier.

Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly, traduit par Jean Esch, Le Livre de Poche, rééd. 2014, 568 pages

La semaine dernière, j'ai eu envie de me replonger dans un classique de la littérature anglaise : Orgueil et préjugés de Jane Austen. J'avais déjà lu ce monument de l'époque géorgienne il y a quelques années, et je l'ai, cette fois-ci, encore plus apprécié qu'à ma première lecture.

Etre et paraître dans la noblesse victorienne
Je crois que les deux premières phrases du roman résument à elles seules beaucoup de choses :
C'est une vérité presque incontestable qu'un jeune homme en possession d'une grande fortune doit avoir besoin d'une épouse. Bien que les sentiments et les goûts d'un tel homme ne soient pas connus, aussitôt qu'il vient se fixer dans une province, les familles du voisinage le regardent comme un bien qui doit dans peu appartenir à l'une ou l'autre de leurs filles. (p. 5)
Petite famille de la gentry anglaise, les Bennet ont cinq filles en âge de se marier, ce qui est devenu la préoccupation première de leur mère. Lorsqu'un jeune noble très riche arrive de Londres pour s'installer dans la propriété voisine de la leur, c'est le branle-bas de combat : l'une des filles Bennet doit devenir son épouse.

On pourrait croire qu'Orgueil et préjugés n'est qu'un récit linéaire sur le mariage des filles Bennet et les relations tantôt glaciales, tantôt passionnées entre les différents personnages du roman. Il y a de cela, mais pas seulement. Ce que j'aime particulièrement dans ce livre, c'est la vanité et, au fond, la stupidité de la noblesse géorgienne, qui transparaît à travers le tableau de la société que peint Jane Austen. Les codes de conduite ne reposent que sur une chose : le rang (et, au passage, la richesse personnelle qui va avec). Peu importe alors qu'untel soit éperdument amoureux d'unetelle, si les familles ne sont pas du même rang, cela donnera un mariage déshonorant qui jettera l'opprobre sur le reste de la lignée.

A travers le personnage d'Elizabeth Bennet, cette jeune fille intelligente et malicieuse qui n'a pas son pareil pour lire le véritable caractère des gens, Jane Austen se moque de cette société du paraître, aux rapports hypocrites et à l'orgueil débordant. Elizabeth, tout en respectant les codes de conduite, affirme son indépendance et sa vivacité d'esprit, ce qui en fait l'une des héroïnes les plus intéressantes (à mon sens) de la littérature classique. Cette liberté qu'elle revendique me fait penser à une autre femme de la littérature anglaise, Jane Eyre, apparue quelques années plus tard sous la plume de Charlotte Brontë.

En plus des personnages, j'aime le style élégant mais vif et plein d'humour de Jane Austen, qui ne manque jamais une occasion de tourner un personnage en ridicule (je pense notamment à Mrs Bennet, Mr Collins et Lady Catherine) et de faire sourire son lecteur. A noter : j'ai lu Orgueil et préjugés dans une réédition parue cette année chez Milady, dont la traduction a été révisée, et qui souligne parfaitement l'ironie et la satire qui sous-tendent toute l'oeuvre. Un chef-d'oeuvre à lire absolument !

Orgueil et préjugés de Jane Austen, Milady Romance, 2015, 524 pages