Une lecture, un avis court, une note !
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Juin fut le mois de l'alternance : à un roman "sérieux", un roman "détente". Du coup, j'ai conservé mon allure de lecture ce mois-ci : j'ai lu 6 livres.



Un roman trash et déroutant sur le vide de l'existence, écrit d'une écriture aussi nihiliste que le sujet qu'il aborde. Un bon livre mais qui n'est définitivement pas à mettre entre toutes les mains. Mon conseil : prévoyez une lecture "détente" pour la suite.
Ma note : 15/20



Ma lecture détente du mois ! Après Moins que zéro, j'en avais bien besoin, et Sophie Kinsella a décidément un talent fou pour remonter le moral ! Un excellent bouquin qui m'a beaucoup fait rire !
Ma note : 18/20



La baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand
Un très bon policier historique qui met en scène un Voltaire enquêteur et très farceur. Traits d'esprit, quiproquos et situations cocasses peuplent ce roman drôle et original.
Ma note : 15/20



Mélodie pour une insomnie de Jorgen Brekke
Une déception par rapport au premier roman de l'auteur, Le livre de Johannes. Ce roman reste un bon thriller, très violent cela dit.
Ma note : 13/20



Une guitare pour deux de Mary Amato
Un bon roman jeunesse pas niais pour deux sous, avec lequel j'ai passé un bon moment sans prise de tête.
Ma note : 15/20



Adieu de Jacques Expert
Un roman-monologue qui m'a littéralement happée. L'histoire est parfois difficile, mais terriblement addictive, et la fin m'a scotchée.
Ma note : 16/20


Et vous, qu'avez-vous lu ce mois-ci ?


Une héroïne pétillante, des situations hilarantes, Confessions d’une accro du shopping, le premier tome de la saga de l’Accro du shopping de Sophie Kinsella, est le livre anti-dépresseur par excellence, idéal en cas de coup dur ! 

Une belle tranche de rire 
Rebecca Bloomwood est journaliste économique dans un petit journal financier. Ou du moins fait semblant de l’être ! Car elle est plutôt mal placée pour délivrer des conseils en gestion de budget : véritable acheteuse compulsive, elle ne peut pas s’empêcher de craquer pour toutes les belles choses qui lui tombent sous la main. Fringues, maquillage, crèmes de beauté, accessoires déco… tout y passe, ce qui lui vaut d’être harcelée par son banquier. 

Du début à la fin, Becky s’évertue à éviter son banquier, en prétextant des excuses plus farfelues les unes que les autres (« mon chien est mort », « ma tante est morte », « je me suis cassé la jambe », « j’ai la mononucléose », etc.), comme nous le montrent les courriers de la banque insérés entre chaque chapitre. Parallèlement, elle met en place un plan d’action pour dépenser moins, usant de toutes les méthodes qui lui passent par la tête : épargner 60 livres par semaine, écrire des piges, épouser un millionnaire… Mais cela ne fonctionne jamais, pour notre plus grand plaisir ! 

Toujours empêtrée dans des situations ubuesques, Becky m’a fait hurler de rire durant toute ma lecture. Bien qu’agaçante par moments (il faut reconnaître que c’est une sacrée menteuse !), rêveuse mais tellement drôle, Becky a réussi à me faire retrouver ma bonne humeur ! C’est une bonne copine fraîche et pétillante, naïve et attachante à la fois. 

Côté style, il faut admettre que Sophie Kinsella a un réel talent pour imaginer des scènes hilarantes, écrire des dialogues incisifs et décrire des personnages profondément humains, dans le but de faire rire son lecteur. J’ai littéralement adoré ce roman et l’ai lu comme on aspire une bonne bouffée d’air frais. 

Vous cherchez à entraîner vos zygomatiques ? Lisez Confessions d’une accro du shopping ! 

Confessions d’une accro du shopping de Sophie Kinsella, Pocket, réédité en 2012, 384 pages

Ah, l'éternel problème du moral à plat ! C'est un souci qui me colle à la peau depuis quelques mois, et mon moral ne cesse de faire les montagnes russes ! 

Pour remédier à cet état mi-triste mi-blasé, j'ai mis en place quelques principes de lecture :

1. Ne pas planifier mes lectures trop à l'avance
Il y a encore quelques mois, j'organisais mon programme de lecture plusieurs semaines à l'avance. Cela ne laissait pas vraiment la place aux lectures superflues et a donc fini par me mettre la pression.

2. Ne pas me forcer à terminer un livre qui ne me plaît pas
Cela m'arrive assez rarement, mais si un livre me donne vraiment le cafard et si je risque de le traîner sur des semaines comme un boulet, je l'abandonne ou le mets en pause pour passer à une lecture plus rafraîchissante.

3. Laisser la place aux lectures superflues
Désormais, j'ai toujours dans ma PAL quelques lectures légères, qui sont justement là pour le jour où mon moral fera encore des siennes ! Comme je m'impose des plannings de lecture moins chargés, j'ai donc la liberté d'intercaler ces livres détente en cas de coup dur.

4. Ne pas me forcer à lire si je n'en ai pas envie
Dans l'idéal, je lis une centaine de pages par jour. Mais cela dépend évidemment des jours, et essentiellement de mon moral. J'ai arrêté de m'imposer un rythme soutenu : si je n'ai pas envie de lire, inutile de me forcer, ce ne serait pas un plaisir. Je préfère privilégier les instants de lecture qui me font réellement du bien, quitte à mettre deux semaines à lire un livre.

Ces quelques astuces fonctionnent assez bien chez moi, testez-les et vous m'en direz des nouvelles.

Enfin, j'ai préparé pour vous une petite sélection de "livres-antidépresseurs", qui ont tous contribué à remonter mon moral durement éprouvé ! Pour les découvrir, lancez la vidéo :



Un lycée dans une petite ville américaine, une liste qui fixe les canons de beauté pour l'année à venir et des adolescents qui ne jurent que par ce qui y est inscrit. La Liste est indéniablement un roman sur l'apparence, mais qui a le mérite de ne pas être moralisateur : c'est une bonne découverte qui m'a fait passer un bon moment.

L'apparence au centre de toutes les attentions
Chaque année depuis des lustres, une semaine avant le bal de la rentrée est publiée une liste qui désigne, pour chaque classe, la fille la plus belle et la plus moche du lycée. Personne ne sait qui publie cette liste et jamais les tentatives pour tenter d'en empêcher la publication n'ont abouti. Tous les ans, ce sont donc huit filles qui se retrouvent le centre d'attention de tout le lycée...

Le roman est construit sur une semaine, depuis la publication de la liste le lundi, jusqu'au bal de la rentrée le samedi. Durant toute la semaine, on suit donc les réactions de chacune des huit filles de la liste, et on apprend ainsi à les connaître. Cette construction est assez intéressante et fluide, même si j'ai dû, à certains moments, retourner en arrière pour me rappeler de quel personnage il était question.

La Liste est un roman sur l'apparence comme unique, ou du moins principal critère de jugement d'une personne, qui entraîne une multitude de comportements liés au manque de confiance en soi, de l'hystérie à l'anorexie. Cela est flagrant dans l'intrigue : à partir du moment où la liste est publiée, les filles dont le nom y figure ne sont plus regardées par les autres pour ce qu'elles sont et ce qu'elles dégagent, mais uniquement comme belles (donc dignes d'intérêt) ou moches (donc dignes de mépris). La petite nouvelle que beaucoup regardaient de travers devient alors la coqueluche du lycée parce qu'elle est "belle", tandis qu'une autre fille perd son petit ami sous prétexte qu'elle est "moche" d'après la liste. Personne ne remet en cause le jugement de la liste, que beaucoup prennent pour parole d'Evangile.

L'auteur décrit cette superficialité des rapports entre ados avec une distance volontaire qui pousse le lecteur à s'interroger sur l'intérêt de l'apparence pour l'apparence, qui pousse certaines filles à se détruire. Au final, la question que pose l'auteur est celle-ci : "pourquoi faire tous ces efforts pour être belle, à quel prix ?" J'ai particulièrement aimé cette distance de l'auteur, tout comme l'absence de moralité bien-pensante qui laisse donc au lecteur la liberté de réfléchir de lui-même sur la situation.

Bref, vous l'aurez compris, j'ai passé un agréable moment avec roman qui se lit tout seul, et j'ai même été agréablement surprise par le traitement du sujet par l'auteur. 

La Liste de Siobhan Vivian, Nathan, 2013, 406 pages

Je remercie chaleureusement les éditions Nathan qui m'ont gracieusement envoyé ce livre.
J'ai La Liste en lecture commune avec MademoizelleBreizh, dont je vous invite à lire l'avis.


Sexe, drogue et vacuité. Voilà le leitmotiv de Moins que zéro, un roman trash et déroutant, qui cache le talent certain de son auteur pour mettre en scène le vide. Brillant mais très choquant.

"C'est le matin de Noël et je suis défoncé à la coke"
Cette phrase résume à merveille le roman. Clay, jeune californien de 18 ans, rentre à Los Angeles passer les vacances de Noël. Son temps libre, il le passe avec ses amis, à tuer le temps, à faire la fête et à se droguer. Mais l'ennui est tel qu'il est déjà blasé de tout, comme tous ses camarades révélateurs de la jeunesse dorée qui n'a rien à perdre.

Je l'admets tout de go : j'ai failli abandonner ce livre dès les premières dizaines de pages tellement il est déroutant et tant la lecture m'a mise mal à l'aise. L'intrigue est pour ainsi dire inexistante : quand Clay et ses potes ne se shootent pas à la coke, ils fument des joins, se prostituent, font des tentatives de suicide ou commettent des viols. Au trou la morale, ces jeunes gens sont riches et peuvent tout s'offrir, à quoi bon alors s'encombrer de sentiments ?
"- [...] Quand on veut quelque chose, on a le droit de le prendre. Quand on veut faire quelque chose, on a le droit de le faire. [...]
- Mais tu n'as besoin de rien. Tu as déjà tout", je lui dis.
Rip me regarde. "Non. J'ai pas tout.
- Quoi ?
- Non. J'ai pas tout."
Après un silence, je lui demande "Et merde, Rip, quesse que t'as pas ?
- J'ai pas quelque chose à perdre."
(p. 219-220)

Derrière la vacuité des personnages et la profusion de scènes insoutenables, Moins que zéro révèle le talent de Bret Easton Ellis : une description et une mise en scène remarquable du vide (vous-mêmes vous sentez vides à la lecture), et un style désinvolte et provocateur, réduit à une écriture et des dialogues minimalistes. On y retrouve également une Los Angeles noire, sans âme, où tous les vices sont possibles.

En définitive et après mûre réflexion, Moins que zéro est un bon roman, et je lirai probablement d'autres livres de l'auteur, quand mon moral me le permettra. Néanmoins, il est si trash qu'il ne pourra certainement pas être mis entre toutes les mains.

Moins que zéro de Bret Easton Ellis, France Loisirs (Piment), 2011, 240 pages


Une île mystérieuse où elfes et trolls influent sur le quotidien des gens, trois personnages venus trouver là repos et pourquoi pas bonheur. Le sang des pierres est un thriller qui ne ressemble à aucun autre, à l'écriture poétique et puissante. Surprenant.

Sur les traces du passé, une vie plus tranquille ?
Le printemps venu, certains Suédois quittent le continent pour rejoindre l'île d'Öland : il y a Gerloff, qui a fui sa maison de retraite pour venir passer ses derniers jours dans la maison où il a vécu avec son épouse ; Vendela, qui revient sur les lieux de son enfance et explore les secrets de la lande ; et enfin Peter, venu s'installer dans la maison familiale pour échapper à son père. Pour chacun de ses trois personnages, l'île d'Öland renferme une foule de secrets, qu'il ne leur sera pas aisé de découvrir.

Sur toute la durée du roman, on suit ces trois personnages, leur quotidien difficile ou ennuyeux, et leur exploration du passé à la recherche des secrets qui y sont restés enfouis. Très touchants, Gerloff, Venda et Peter aspirent, au fond, à la tranquillité et au bonheur... qu'ils ne trouveront qu'une fois anéantis les démons du passé.

Bien plus qu'un simple thriller, Le sang des pierres est un roman puissant, qui met en scène des personnages profonds et une nature dotée de pouvoirs et peuplée de créatures surnaturelles qui renforcent le mystère qui règne sur Öland. L'écriture est particulièrement belle, très poétique et les descriptions sont détaillées sans pour autant être trop longues. A aucun instant je ne me suis ennuyée dans ma lecture, et j'ai pris un plaisir certain à suivre ces trois personnages en quête d'absolu.

Original et intriguant, Le sang des pierres est un roman qui plaira aux amateurs de poésie et de personnages en pleine introspection. 

Le sang des pierres de Johan Theorin, Le Livre de Poche, 2013, 528 pages


C’est un grand classique de la littérature du XXème siècle, remis au goût du jour par un réalisateur hollywoodien. Alors que je voulais le lire depuis longtemps, j’ai profité de cette mise en avant pour lire ce roman qui m’a secouée. 


L’espoir de ressusciter le passé 

Qui est donc ce mystérieux Gatsby dont tout le monde parle mais dont personne ne sait rien ? Chaque week-end, le tout New-York se presse dans la gigantesque demeure de cet homme mystérieux qui organise les soirées les plus fastes de la ville. Bientôt, Nick Carraway, le voisin de Gatsby, va être introduit dans ces soirées mondaines et découvrir que ces dernières n’ont pour ce dernier qu’un unique but : reconquérir le cœur de sa bien-aimée, Daisy Buchanan, qu’il a perdu de vue quelques années plus tôt…

Derrière ce qui peut sembler être une banale histoire d’amour, Francis Scott Fitzgerald pose une question existentielle : peut-on vivre au présent sans cesse attaché à son passé ? Là réside tout le tragique de l’ouvrage, incarné dans le personnage de Gatsby.

J’ai été très touchée par Jay Gatsby, si fragile derrière son masque d’assurance, si enclin à espérer, et qui se heurte à l’attitude intéressée puis à l’indifférence et au mépris des autres. Ecrit dans un style très travaillé, Gatsby le Magnifique est bourré de phrases très révélatrices de l’esprit même du roman, notamment la première et la dernière phrase du livre, qui m’ont, je crois, marquée à jamais.

"Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu'un [...], souviens-toi qu'en venant sur terre tout le monde n'a pas eu droit aux mêmes avantages que toi." (p.11)

"- On ne ressuscite pas le passé ? répéta-t-il, comme s'il refusait d'y croire. Mais bien sûr qu'on le ressuscite !" (p.139)

"Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé." (p.223)

Enfin, Gatsby le Magnifique est une fresque réaliste de la période des années folles : le faste et la libération des mœurs, l’urbanisation à outrance et la montée en puissance de la bourgeoisie américaine sont très bien détaillées dans ce roman très visuel.

Gatsby le Magnifique est de ces romans que l’on ne se lasse pas de lire et, à peine refermé, j’ai déjà envie de le reprendre. Si vous l’avez pas déjà lu, foncez !

Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald, Le Livre de Poche, 2013 (première édition : 1925), 224 pages


Deux meurtres sanglants au mode opératoire similaire, un mystérieux moine sur les traces de la vengeance… A cheval entre thriller contemporain et roman historique, Le livre de Johannes est une premier roman très réussi. Frissons garantis ! 

Le meurtre à fleur de peau 
2010, Musée Edgar Allan Poe, Richmond en Virginie. Le conservateur du musée est retrouvé mort, atrocement mutilé. Décapité, son cadavre présente une étrange particularité : le meurtrier l’a soigneusement écorché et a emporté sa peau. Quelques jours plus tard, c’est l’une des bibliothécaires de la bibliothèque Gunnerus de Trondheim en Norvège, à des milliers de kilomètres de là, qui subit le même sort. Dans le cadre de l’enquête, les policiers découvrent l’existence d’un étrange manuscrit qui les mène sur les traces de Johannes, un étrange moine norvégien du XVIème siècle qui avait pour habitude d’écrire sur la peau de ses victimes… 

Entre les Etats-Unis et la Norvège, nous suivons donc deux enquêtes dont les éléments ne cessent de les rapprocher l’une de l’autre. Parallèlement, l’auteur introduit des chapitres qui tiennent plus du roman historique que du thriller, dans lesquels il raconte la vie et la mystérieuse vengeance, cinq siècles plus tôt, du moine Johannes. Malgré la profusion de personnages, de détails et de situations différentes, Jorgen Brekke réussit à maintenir l’intérêt et la cohérence du récit, et je ne me suis à aucun moment sentie perdue dans ma lecture. 

En plus de son récit au rythme haletant et au suspense insoutenable (autant vous dire que je littéralement dévoré le roman), l’écrivain s’amuse à analyser la mécanique du roman policier, et rend un fier hommage à Edgar Allan Poe et Agatha Christie. A la fin du livre, une fois le meurtrier démasqué, j’ai même presque pu entrevoir le sourire en coin de l’auteur disant « Je vous ai bien eus ! »

Intrigue originale, rythme effréné, enquête rondement menée, suspense entier jusqu’au bout et intelligence de l’écriture : c’est ce qui caractérise ce premier roman coup de cœur. Le livre de Johannes est une excellente découverte et j’ai hâte de lire les prochains romans de l’auteur.

Le livre de Johannes de Jorgen Brekke, Le Livre de Poche, 2013, 480 pages